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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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19 janvier 2017 4 19 /01 /janvier /2017 12:33

Au fil des tempêtes, la plage de Negro sinistrée reprend son aspect : la rivière Olmeta ne noie plus totalement le rivage.Son embouchure n'a cependant pas retrouvé son chemin initial .Un nombre important d'arbres jonchent encore le site.

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19 janvier 2017 4 19 /01 /janvier /2017 12:25
 
La Commission répond à ma question sur les produits des colonies israéliennes
Le 11 novembre 2015 l’union européenne a approuvé la mise en œuvre de l’étiquetage des produits originaires des colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés

Le 11 novembre 2015 l’union européenne a approuvé la mise en œuvre de l’étiquetage des produits originaires des colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés

J’ai reçu une réponse de la Commission à une question écrite que j’avais déposée sur l’étiquetage des produits issus des colonies israéliennes.

Cet étiquetage décidé le 11 novembre 2015 après une intense campagne des mouvements défendant les droits des Palestiniens, interdit aux produits originaires des colonies israéliennes implantées en Palestine de pouvoir se cacher derrière la simple mention « fabriqué en Israël ».

Dorénavant le consommateur sera informé du fait que ces produits viennent des colonies. À lui d’agir ensuite selon ses convictions. Mais contrairement à ce qui a été proclamé pas les défenseurs de la colonisation il ne s’agit en aucun cas d’une interdiction d’importation des produits venant de zones qui sont pourtant occupées et non reconnues par le droit international. Juste d’une meilleure information des consommateurs.

Reste à appliquer cette mesure, qui doit être mise en musique par les États. Or certains trainent les pieds. J’ai donc interpellé la Commission sur le sujet et en ai profité au passage pour la sonder sur les informations dont elle disposait sur les productions issues des colonies et importées sur le sol européen. De même, j’ai demandé à la Commission quelles mesures elle comptait mettre en œuvre pour geler l’expansion des colonies. (Cliquez-ici pour lire mon intervention)

La Commission bote malheureusement en touche dans sa réponse, se contentant de préciser que c’est aux États d’appliquer ces recommandations et qu’elle peut juste en surveiller la mise en œuvre. Ce qui veut dire qu’un État européen peu critique (comme en Europe de l’Est) pourra toujours faire trainer l’application.

Concernant sa position de fond sur la colonisation, elle répète une position claire et à saluer : « L’UE est fermement opposée à la politique d’implantation d’Israël et considère les colonies de peuplement comme illégales au regard du droit international, car elles constituent un obstacle à la paix et menacent de rendre impossible la solution fondée sur la coexistence de deux États ».

Pour autant si le constat est le bon c’est dans les moyens pour sanctionner le non-respect du droit international que l’Union européenne pêche puisque les relations sont maintenues quoi qu’il en soit, ce qui prive la diplomatie européenne de tout moyen de pression. Voilà pourquoi je continue à appeler à une suspension de l’accord d’association avec Israël tant que ces gouvernements ne respecteront pas le droit international.

Réponse donnée par Mme Mogherini, vice-présidente au nom de la Commission (le 13.1.2017)

Les États membres sont chargés de veiller à l’indication d’origine correcte des marchandises issues des territoires occupés par Israël depuis juin 1967. Ce sont les autorités nationales de surveillance du marché qui sont chargées de l’application des actes législatifs pertinents de l’UE, le cas échéant conformément à la communication interprétative relative à l’indication d’origine des marchandises issues des territoires occupés par Israël depuis juin 1967[1]. La Commission surveille la mise en œuvre du droit de l’UE, notamment sur la base de rapports émanant des autorités nationales de surveillance du marché; elle n’a reçu jusqu’à présent aucune indication de leur part quant à d’éventuels problèmes dans la mise en œuvre de la communication interprétative.

La Commission ne dispose actuellement pas de liste de marchandises provenant des colonies israéliennes qui sont en vente dans l’UE.

L’UE est fermement opposée à la politique d’implantation d’Israël et considère les colonies de peuplement comme illégales au regard du droit international, car elles constituent un obstacle à la paix et menacent de rendre impossible la solution fondée sur la coexistence de deux États. La réaction à la politique d’implantation d’Israël est revue de façon continue par l’UE et ses États membres, y compris les représentants de l’UE sur le terrain, le but étant de mettre au point une stratégie solide et cohérente. L’UE suit de près toutes les évolutions et a clairement exprimé à de nombreuses reprises sa position en ce qui concerne les colonies, notamment dans les conclusions du Conseil de l’UE et dans des déclarations à la presse. L’UE poursuivra ses relations tant avec les Israéliens qu’avec les Palestiniens et continuera de prôner le plein respect du droit international.

[1]    JO C 375 du 12.11.2015.

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18 janvier 2017 3 18 /01 /janvier /2017 17:51
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18 janvier 2017 3 18 /01 /janvier /2017 17:34

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18 janvier 2017 3 18 /01 /janvier /2017 17:24
REMUE -REMUE-MENINGES: Roland Gori "Front National, Daesh, comment...
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18 janvier 2017 3 18 /01 /janvier /2017 17:15
Du protectionnisme au libre-échangisme, une conversion opportuniste

Présenté comme une panacée pour le développement, le libre-échange constitue la référence commune à toutes les organisations multilatérales (Fonds monétaire international, Organisation mondiale du commerce, Banque mondiale) et aux institutions européennes. L’histoire économique démontre pourtant qu’il s’agit là d’un mythe sans fondement, les pays libre-échangistes, en premier lieu les Etats-Unis et le Royaume-Uni, ayant bâti leur puissance sur un protectionnisme qu’ils diabolisent après-coup.

Les libre-échangistes ont remporté des victoires significatives au cours des deux dernières décennies. Depuis le début de la crise de la dette de 1982 et de l’imposition des programmes d’ajustement structurel par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, de nombreux pays en voie de développement ont radicalement libéralisé leur commerce. L’effondrement du communisme, en 1991, a ouvert de nouveaux et vastes espaces au libre-échange. Pendant les années 1990, d’importants accords régionaux ont été signés, dont l’accord de libre-échange nord-américain (Alena) qui regroupe le Canada, les Etats-Unis et le Mexique. Pour couronner le tout, les négociations du cycle de l’Uruguay de l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), conclues à Marrakech en 1994, ont débouché sur la naissance de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995.

Si importants que soient ces succès, les libre-échangistes ne s’en satisfont pas. Au sein de l’OMC, représentants des Etats développés en tête, ils continuent à faire pression pour des baisses des tarifs douaniers encore plus fortes et plus rapides, et un élargissement de la compétence de cette organisation à des domaines ne figurant pas dans son mandat initial, par exemple l’investissement à l’étranger et la concurrence.

Les partisans du libre-échange croient agir dans le sens de l’histoire. Selon eux, cette politique est à l’origine de la richesse des pays développés ; d’où leur critique des pays en voie de développement qui refusent d’adopter une recette aussi éprouvée. Rien n’est pourtant plus éloigné de la réalité. Les faits historiques sont sans appel : quand les pays actuellement développés étaient encore en développement, ils n’ont mené pratiquement aucune des politiques qu’ils préconisent. Et nulle part l’écart entre le mythe et la réalité historique n’est aussi flagrant que dans les cas de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis.

Grande-Bretagne et Etats-Unis protègent leur industrie

La Grande-Bretagne, pour commencer par elle, n’est aucunement le parangon de libre-échange souvent invoqué. Tout au contraire, elle a utilisé avec agressivité et même, dans certains cas, inventé des politiques dirigistes pour protéger et promouvoir ses industries stratégiques. De telles politiques, bien que d’ampleur limitée, remontent au XIVe siècle (Edouard III) et au XVe (Henri VII) pour la principale industrie de l’époque, celle de la laine. Le pays exportait alors la fibre brute aux Pays-Bas, situation que différents monarques s’efforcèrent de modifier, notamment par des mesures de protection des manufacturiers nationaux, par la taxation des exportations de laine brute et par l’organisation de la « fuite » vers la Grande-Bretagne d’ouvriers qualifiés hollandais (1).

Entre 1721, date de la réforme de la politique commerciale par Robert Walpole, le premier des premiers ministres britanniques, et l’abrogation des lois sur le blé en 1846, le royaume pratiqua une politique commerciale particulièrement volontariste. Pendant cette période, il utilisa activement les protections douanières, les baisses de tarifs pour les intrants nécessaires aux exportations, le contrôle de qualité des exportations par l’Etat, toutes mesures que l’on associe généralement aujourd’hui au Japon et aux autres pays d’Asie orientale.

La Grande-Bretagne fit un pas décisif, bien qu’incomplet, vers le libre-échange avec l’abrogation des lois sur le blé en 1846 (2). On considère généralement que cette mesure marque la victoire ultime de la doctrine libérale classique sur un mercantilisme borné. Mais certains historiens spécialistes de cette période y voient plutôt un acte d’« impérialisme libre-échangiste » destiné à « stopper les progrès de l’industrialisation du continent en y élargissant le marché des produits agricoles et des matières premières  (3) ». C’est d’ailleurs l’argumentation que déployèrent à l’époque les principaux porte-parole de l’Anti-Corn Law League (Ligue contre les lois céréalières), en particulier le député Robert Cobden.

En bref, et contrairement aux idées reçues, l’avance technologique de la Grande-Bretagne, qui lui permit de se convertir au libre-échange, avait été acquise « à l’abri de barrières tarifaires élevées, maintenues sur une longue période », comme l’écrivit le grand historien de l’économie Paul Bairoch (4). C’est pour cette raison que Friedrich List, économiste allemand du XIXe siècle, considéré à tort comme le père de l’argumentation en faveur de la protection des « industries dans l’enfance », fit valoir que les prêches britanniques en faveur du libre-échange faisaient penser à celui qui, parvenu au sommet d’un édifice, renvoie l’échelle à terre d’un coup de pied afin d’empêcher les autres de le rejoindre (kicking away the ladder).

Si la Grande-Bretagne fut le premier pays à lancer avec succès une stratégie de promotion à grande échelle de ses « industries dans l’enfance », c’est aux Etats-Unis, « patrie et bastion du protectionnisme moderne », pour reprendre l’expression de Paul Bairoch (5), que sa justification fut initialement élaborée par Alexander Hamilton, premier secrétaire au Trésor de l’histoire du pays (de 1789 à 1795), et par l’économiste maintenant oublié Daniel Raymond. Friedrich List, à qui l’on attribue cette théorie moderne du protectionnisme, n’en prit en fait connaissance que pendant son exil aux Etats-Unis, dans les années 1820. De nombreux intellectuels et responsables politiques américains du XIXe siècle avaient parfaitement compris que le libre-échange n’était pas adapté à leur pays, même si cela allait à l’encontre des avis de grands économistes de l’époque, tels Adam Smith et Jean-Baptiste Say, qui considéraient que les Etats-Unis ne devaient pas protéger leurs industries manufacturières, et avaient tout intérêt à se spécialiser dans l’agriculture.

Entre les années 1830 et la fin de la seconde guerre mondiale, les droits de douane moyens des Etats-Unis sur les importations de produits industriels furent parmi les plus élevés du monde. Si l’on ajoute que ce pays bénéficiait déjà d’un haut degré de protection « naturelle » en raison du coût des transports jusqu’aux années 1870, on peut dire que les industries américaines furent littéralement les plus protégées du monde jusqu’en 1945. La loi Smoot-Hawley de 1930 sur les nouveaux tarifs douaniers n’accrut qu’à la marge le niveau de protectionnisme de l’économie. Le tarif douanier moyen sur les produits industriels en résultant était de 48 %, ce qui se situait dans le haut de la fourchette, mais toujours dans la fourchette, des tarifs douaniers moyens depuis la guerre de Sécession. C’est seulement par rapport au bref intermède « libéral » de 1913 à 1929 que le tarif de 1930 peut être considéré comme un renforcement du protectionnisme, alors que le tarif moyen fut seulement augmenté de 11 %, passant de 37 % à 48 %.

Dans ce contexte, il faut rappeler que l’enjeu de la guerre de Sécession fut autant, sinon davantage, la question des tarifs douaniers que celle de l’esclavage. De ces deux questions, c’est celle des tarifs qui menaçait le plus le Sud. Abraham Lincoln était un protectionniste notoire qui avait fait ses premières armes dans l’ombre de l’homme politique charismatique qu’était Henry Clay (6), du parti Whig, avocat du « système américain » - fondé sur le développement des infrastructures et le protectionnisme -, et ainsi nommé parce que le libre-échange correspondait aux intérêts « britanniques ». De plus, Lincoln pensait que les Noirs constituaient une race inférieure et que leur émancipation n’était qu’une proposition idéaliste sans perspective d’application à bref délai. Dans sa réponse à l’éditorial d’un journal qui préconisait l’émancipation immédiate des esclaves, il alla jusqu’à écrire : « Si je pouvais sauver l’Union sans libérer aucun esclave, je le ferais ; et si je pouvais la sauver en les libérant tous, je le ferais ; et si je le pouvais en en libérant certains et en laissant les autres là où ils sont, je le ferais aussi (7). » Sa proclamation d’émancipation du 1er janvier 1863 relevait donc moins de la conviction morale que d’une stratégie visant à gagner la guerre civile.

C’est seulement après la seconde guerre mondiale, leur suprématie industrielle étant fermement assurée, que les Etats-Unis libéralisèrent leurs échanges commerciaux (moins franchement, toutefois, que les Britanniques au milieu du XIXe siècle) et commencèrent à se faire les champions du libre-échange, démontrant à leur tour la validité de la métaphore de List. Ulysses Grant, héros de la guerre de Sécession et président des Etats-Unis de 1868 à 1876, avait anticipé cette évolution : « Pendant des siècles, l’Angleterre s’est appuyée sur la protection, l’a pratiquée jusqu’à ses plus extrêmes limites, et en a obtenu des résultats satisfaisants. Après deux siècles, elle a jugé commode d’adopter le libre-échange, car elle pense que la protection n’a plus rien à lui offrir. Eh bien, Messieurs, la connaissance que j’ai de notre pays me conduit à penser que, dans moins de deux cents ans, lorsque l’Amérique aura tiré de la protection tout ce qu’elle a à offrir, elle adoptera aussi le libre-échange (8). »

Des conclusions identiques peuvent être tirées de l’histoire d’autres pays développés. Au moment où ils tentaient de combler leur retard sur plus développés qu’eux, pratiquement tous utilisèrent les droits de douane, les subventions et d’autres outils politiques pour promouvoir leurs industries. Il est piquant de noter que ce sont les deux puissances anglo-saxonnes - censées être les bastions du libre-échange - et non pas la France, l’Allemagne et le Japon, pays considérés comme les tenants de l’interventionnisme étatique, qui utilisèrent le plus agressivement les protections tarifaires. Pendant le XIXe siècle et au début du XXe, les droits de douane furent relativement faibles en France et en Allemagne (autour de 15 % à 20 %), et ceux du Japon furent plafonnés à 5 % jusqu’en 1911, aux termes de traités léonins. Pendant la même période, les tarifs douaniers moyens sur les produits industriels des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne s’inscrivent dans une fourchette située entre 40 % et 50 %...

Des lois sur les brevets tournées en dérision

Les seules exceptions à ce modèle historique sont la Suisse et les Pays-Bas. Il s’agit cependant de pays qui avaient atteint la frontière du développement technologique dès le XVIIIe siècle, et qui n’avaient donc pas besoin de fortes protections. Il faut savoir également que les Pays-Bas avaient déployé une batterie impressionnante de mesures interventionnistes jusqu’au XVIIe siècle, afin de construire leur suprématie commerciale et maritime. Quant à la Suisse, elle n’eut pas de législation sur les brevets avant 1907, tournant ainsi en dérision l’importance que l’orthodoxie actuelle accorde à la protection de la propriété intellectuelle. Plus significativement, les Pays-Bas abrogèrent en 1869 leur loi de 1817 sur les brevets, au motif que ces derniers constituaient des monopoles créés par l’Etat, et étaient donc en contradiction avec les principes du marché libre, raisonnement qui semble échapper aux économistes libre-échangistes qui soutiennent l’accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle liés au commerce (Adpic, ou Trips en anglais) de l’OMC. Ils attendirent 1912 pour se doter d’une nouvelle législation sur les brevets.

Si les protections tarifaires constituèrent un ingrédient crucial des stratégies de développement de nombreux pays, elles n’en furent pas pour autant la seule composante, ni nécessairement la plus importante. De nombreux autres outils ont été utilisés à cet effet : subventions aux exportations, allégement de droits de douane pour les importations nécessaires aux exportations, octroi de monopoles, cartels, crédits sur mesure, planification des investissements et des flux de main-d’œuvre, soutien à la recherche-développement, promotion d’institutions favorisant le partenariat public-privé, etc. On croit souvent que toutes ces mesures ont été inventées par le Japon et les pays d’Asie orientale après la seconde guerre mondiale, alors que beaucoup d’entre elles avaient déjà une longue histoire. Enfin, même s’ils partagent les mêmes principes de base, les pays développés ont combiné de façon très diverse les outils de politique commerciale et de politique industrielle : contrairement à ce que pensent la plupart des économistes libre-échangistes, il n’existe pas de modèle unique pour le développement industriel.

Le tout petit nombre d’entre eux qui connaissent le passé protectionniste des pays développés d’aujourd’hui font valoir que ces politiques ont peut-être eu quelques conséquences positives (très peu, insistent-ils), mais que, dans notre monde globalisé, elles sont nuisibles. Ils affirment que la supériorité du libre-échange a été amplement démontrée par la croissance record des deux dernières décennies de libéralisation des échanges : elle aurait été supérieure à celle des décennies précédentes, où le protectionnisme était la norme dans les pays en développement. Malheureusement pour eux, les faits racontent une tout autre histoire.

Si le libre-échange était si efficace, la croissance économique aurait dû s’accélérer au cours des vingt dernières années, parallèlement aux mesures de libéralisation commerciale. Or les faits sont là : pendant les années 1960 et 1970, quand il existait bien davantage de protections et autres régulations, l’économie mondiale progressait beaucoup plus vite qu’aujourd’hui. Dans ces « temps heureusement révolus », le revenu mondial par tête croissait d’environ 3 % par an, contre seulement 2,3 % au cours des deux dernières décennies. Dans les pays développés, la croissance du revenu par tête a reculé de 3,2 % à 2,2 % de 1960-1980 à 1980-1999, cependant qu’elle chutait de moitié (de 3 % à 1,5 %) dans les pays en développement. Et, au cours de cette dernière période, sans les fortes performances de la Chine et de l’Inde - deux pays qui n’ont absolument pas suivi les recettes libérales - le taux moyen aurait encore été plus faible.

De plus, ce taux est loin de rendre compte de l’ampleur de la crise qui a frappé de nombreux pays en développement pendant les deux dernières décennies. Pendant ces années, la croissance du revenu par tête a été pratiquement nulle en Amérique latine : 0,6 %, contre 3,1 % de 1960 à 1980. Même dégringolade au Proche-Orient et en Afrique du Nord (- 0,2 % par an) et en Afrique subsaharienne (- 0,7 % par an, contre respectivement 2,5 % et 2 % de 1960 à 1980). Depuis le début de leur transition vers le capitalisme, la plupart des anciens pays communistes ont connu les plus brutales chutes de niveau de vie de l’histoire moderne.

En bref, l’expérience néolibérale des deux dernières décennies s’est tout simplement révélée incapable de tenir sa principale promesse : l’accélération de la croissance. C’est pourtant en son nom que l’on nous avait demandé de sacrifier tout le reste, de la simple équité à l’environnement. Malgré ce lamentable échec, le dogme néolibéral sur les vertus du libre-échange continue à s’imposer grâce à un appareil économico-politico-idéologique qui, par son ampleur et son pouvoir, n’a d’équivalent que celui de la papauté au Moyen Age.

Médias et gouvernements dans l’étau néolibéral

Par leur emprise sur les gouvernements des pays développés les plus influents, en premier lieu les Etats-Unis et le Royaume-Uni, les néolibéraux sont en mesure de peser sur l’ordre du jour politique des institutions multilatérales, particulièrement la « sainte trinité » - FMI, Banque mondiale, OMC. Faisant la pluie et le beau temps dans les médias dominants de l’ensemble du monde, ils ont pu édulcorer et éventuellement occulter les informations qui les gênaient, notamment les chiffres catastrophiques de la croissance. Comme ils occupent les positions de pouvoir dans les départements d’économie des universités les plus réputées du monde, ils veillent à ce qu’aucun économiste dissident n’y soit admis, afin qu’il ne bénéficie pas du prestige académique que cela lui conférerait.

Dans les pays en voie de développement, l’étau néolibéral est encore plus resserré. Beaucoup de gouvernements se trouvent contraints de suivre les politiques du FMI, de la Banque mondiale et des principaux Etats bailleurs de fonds, dont le soutien financier leur est indispensable, même si ces politiques ne font que perpétuer la crise de développement à la racine de leur dépendance. Il faut dire qu’elles bénéficient également à de puissants intérêts locaux : les exportateurs de produits de base et leurs prestataires de services professionnels. Les propositions de politiques alternatives y sont de plus en plus rares, car les intellectuels n’ont pas suffisamment confiance en eux pour contester l’orthodoxie. Certains d’entre eux ont même fait défection pour l’autre camp, ce qui n’a rien de surprenant quand on sait qu’une consultation pour le FMI ou la Banque mondiale équivaut à plusieurs années de salaire dans les universités de la plupart des pays en développement.

Contrôlant ainsi l’agenda politique et intellectuel, les néolibéraux ont toute latitude pour ravaler ceux qui les critiquent au rang de mollassons pusillanimes effrayés à l’idée de créer des inégalités à court terme qui procureront une plus grande richesse pour tous à long terme. Quand ils ne les traitent pas d’illettrés économiques, incapables de comprendre ce qui se passe... De cette manière, tout débat sérieux peut être évité, et les dissidents sont systématiquement ignorés, ce qui renforce la domination libérale.

Dans ces conditions, quel est l’avenir du libre-échange ? Contrairement à ce que prétendent ses partisans, il existe d’excellentes raisons théoriques donnant à penser que la liberté des échanges entre pays aux niveaux de productivité très différents peut, à court terme, bénéficier aux plus pauvres d’entre eux en leur ouvrant des débouchés à l’exportation, mais que, en même temps, elle hypothèque leur développement à long terme en les cantonnant dans des activités de faible productivité. C’est ce qu’avaient parfaitement compris les décideurs politiques des pays désireux de rattraper les pays plus développés qu’eux - de Robert Walpole et Alexander Hamilton, au XVIIIe siècle, aux bureaucrates japonais et coréens des années 1960 et 1970 - lorsqu’ils rejetèrent la voie du libre-échange.

Les accords de libre-échange impliquant des pays de niveaux de productivité très différents sont, à terme, voués à l’échec car les pays pauvres prendront conscience que le développement n’y trouve pas son compte. Les accords entre pays de niveau de développement comparable, comme le Mercosur en Amérique du Sud et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Anase) (9), dont les membres sont, pour la plupart, en voie de développement, ont davantage de chances de réussir que le projet de Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) que veut absolument mettre en place M. George W. Bush. Friedrich List ne voyait aucune contradiction entre son soutien au Zollverein, l’union douanière allemande, et à la protection des « industries dans l’enfance », car il considérait que les Etats allemands avaient des niveaux de développement suffisamment proches.

La seule méthode pour que fonctionne correctement une zone de libre-échange entre pays de niveaux de développement très différents est une intégration du type de l’Union européenne, impliquant des mécanismes de transfert des plus riches vers les plus pauvres, et des flux de main-d’œuvre de ces derniers vers les zones les plus développées. Cela n’est réellement possible que si les économies pauvres sont petites et peu nombreuses par rapport aux économies riches. Si tel n’est pas le cas, les riches trouveront l’accord trop coûteux pour elles, et c’est d’ailleurs pourquoi l’élargissement de l’UE risque de s’arrêter aux frontières de la Turquie et de l’Ukraine.

L’OMC n’est pas encore un accord de libre-échange intégral, puisqu’elle autorise certaines protections pour les industries des pays en développement. La pression ne fait cependant que croître pour des baisses de tarifs, notamment avec la proposition américaine de les supprimer tous en 2015. Dans une telle hypothèse, la capacité de nuisance de l’OMC sur le développement des pays les plus pauvres serait encore plus forte que celles de l’Alena ou de la ZLEA, car les différences de niveaux de productivité y sont encore plus considérables.

Une oligarchie de pays riches

L’OMC a cependant des compétences beaucoup plus vastes que celles des accords de libre-échange : elle traite de la propriété intellectuelle, des marchés publics et de l’investissement. D’où les risques supplémentaires qu’elle fait courir au développement des pays pauvres. Malgré cela, la plupart d’entre eux veulent continuer à en faire partie. Ils la tiennent en effet pour un moindre mal, dans la mesure où elle leur permet de se faire entendre dans le fonctionnement du système commercial international, chaque Etat disposant, en théorie, d’une voix. Elle leur accorde une protection minimale contre les pressions bilatérales en faveur de la libéralisation de leurs échanges venant des pays développés, principalement des Etats-Unis.

Cette situation pourrait bien ne pas durer en raison du ressentiment des pays en développement à l’égard du fonctionnement réel de l’OMC : apparemment « démocratique », elle est en fait dirigée par une oligarchie de pays riches. Non pas simplement parce que ces derniers disposent du pouvoir implicite de cajoler ou de menacer les plus faibles, cas de figure classique dans une démocratie composée d’acteurs de poids inégal. Le problème est qu’ils ne se donnent même pas la peine de sauver les apparences, comme on le constate dans les réunions dites du « salon vert » où les représentants des pays en développement ne sont pas invités, et auxquelles on leur interdit l’accès s’ils se présentent à la porte !

Si l’OMC continue à priver les pays pauvres des outils de leur développement, leur départ en masse ne saurait être totalement exclu. A l’inverse, ils pourraient tenter d’utiliser pleinement les mécanismes démocratiques de l’Organisation en vue d’en renégocier les paramètres fondamentaux. Dans cette hypothèse, les pays les plus puissants, et tout particulièrement les Etats-Unis qui ont érigé l’unilatéralisme en doctrine, pourraient décider de quitter l’OMC plutôt que de risquer la défaite dans un scrutin. Dans les deux cas, c’en serait fini du libre-échange tel que nous le connaissons. Et ce ne serait pas nécessairement à regretter, tant est déplorable son bilan des deux dernières décennies.

Ha-Joon Chang

Professeur à la faculté d’économie et de politique de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) ; auteur de Kicking Away the Ladder. Development Strategy in Historical Perspective, Anthem Press, Londres, 2002 (Prix Gunnar Myrdal 2003).
Du protectionnisme au libre-échangisme, une conversion opportuniste
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18 janvier 2017 3 18 /01 /janvier /2017 16:32

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18 janvier 2017 3 18 /01 /janvier /2017 15:39
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18 janvier 2017 3 18 /01 /janvier /2017 15:18
MARE NOSTRUM:Le Hamas et le Fatah annoncent un accord pour former un gouvernement palestinien d’unité
Le Hamas et le Fatah annoncent un accord pour former un gouvernement palestinien d’unité

Le sommet de Paris pour la paix, la résolution de l’ONU contre les colonies, et l’arrivée de Trump à la Maison Blanche, pourraient être derrière cet accord. "Un gouvernement d’unité est d’une importance stratégique", déclare un responsable palestinien.

Jack Khoury, Haaretz, mercredi 18 janvier 2017

Le président palestinien Mahmoud Abbas et le chef politique du Hamas Khaled Meshal, vus ensemble pendant leur rencontre au Caire, en Egypte, le jeudi 24 novembre 2011. Crédit AP

Le Hamas et le Fatah se sont accordés pour la formation d’un gouvernement palestinien d’unité, ont déclaré les deux partis dans un communiqué depuis Moscou, où ils tenaient des discussions depuis dimanche.

Selon l’accord auquel ils sont parvenus à Moscou, les partis palestiniens, y compris le Jihad islamique, rejoindront les institutions de l’OLP pour former un nouveau Conseil National Palestinien. Le nouveau Conseil désignera le Comité Exécutif de l’OLP, la plus haute institution palestinienne au niveau politique et diplomatique.

Les partis palestiniens sont convenus que dans les deux mois de nouveaux membres seront élus au Conseil National et que les parties en présence s’efforceront de former un nouveau gouvernement.

Un responsable de haut niveau du Fatah, qui participait aux discussions à Moscou, a déclaré à Haaretz que "les conditions sont mûres pour un nouveau gouvernement d’unité, à la fois sur le plan interne et sur le plan international".

Ce responsable a mentionné la récente conférence pour la paix à Paris, la résolution du Conseil de sécurité contre les colonies, et l’élection du futur président Donald Trump comme une partie des raisons qui ont poussé à cet accord. "Un gouvernement d’unité est d’une importance stratégique pour les Palestiniens", a-t-il déclaré.

Traduit par BH pour l’AFPS

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