À l'approche du congrès du Parti communiste français en novembre prochain, Pierre Laurent, son patron, est sur la sellette.
Pierre Laurent passera-t-il l'automne ? Alors que le PCF doit tenir son congrès début novembre, les cadres du Parti communiste ne s'en cachent plus, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir faire tomber le patron du PCF.
Ainsi, plusieurs députés, dont le chef de file du groupe à l'Assemblée, André Chassaigne, ont décidé de présenter un texte alternatif à celui que défendra Pierre Laurent. Et les mots sont durs. Chassaigne critique un mouvement « tétanisé par la présence d'autres [partis] ».
« Le PCF doit jouer son propre basket, arrêter de toujours se placer par rapport aux autres », explique le député du Puy-de-Dôme. Les signataires de ce texte critiquent vertement la décision du Parti communiste, qui n'a pas présenté de candidat à la présidentielle, pour soutenir Jean-Luc Mélenchon. Actant de fait son effacement du paysage politique.
« Inaudible »
Une décision qui n'a jamais été remise en question et qui a participé à « l'affaiblissement historique colossal » d'un parti, qui n'a fait que 2 % aux dernières législatives. « Il ne faut pas reproduire les errements, le flou, l'absence de stratégie claire », tacle de son côté le député et patron de la puissante fédération PCF du Nord, Fabien Roussel.
Le responsable de celle du Pas-de-Calais, autre bastion historique, Hervé Poly, est sur la même ligne. Les communistes sont aussi nombreux à critiquer l'apathie du parti, « pas assez actif » sur le plan national. Pierre Laurent, « inaudible », n'aurait pas pris la mesure de l'urgence, croient-ils.
Elsa Faucillon, jeune députée (37 ans) des Hauts-de-Seine et figure montante du parti, défend, de son côté, un second texte pour un « vrai rassemblement des forces de gauche antilibérales », pour la redéfinition « d'un projet communiste » moderne, plus écologiste, engagé aussi bien dans la lutte féministe, antiraciste, que dans celle des classes. Autant de critiques en creux de la direction actuelle, qui pour ses auteurs ne promet que le « statu quo ». Une troisième liste, intitulée « Reconstruire le parti de classe », sera également présentée au congrès par la section PCF du XVe arrondissement de Paris.
« Pierre Laurent entend les critiques »
« Toutes les forces politiques sont traversées par des débats », tente de dédramatiser Ian Brossat, élu parisien, récemment désigné tête de liste du PCF aux européennes. « Pierre Laurent entend les critiques, il fait un vrai travail de fond et veut moderniser le parti », défend l'entourage du secrétaire national.
Le sénateur de Paris défendait aussi il y a quelques semaines dans nos colonnes, la volonté de diriger une « direction renouvelée et rajeunie », assumant de vouloir faire « la révolution » du PCF. À moins que la révolution, ce ne soit lui qui en fasse les frais.