Utiliser le vote Macron pour barrer la route au pire
Intellectuels, professionnels, de la culture, de l’enseignement, des sciences et de la création, profondément attachés aux valeurs républicaines et humanistes de pluralisme, de tolérance, de paix, de laïcité et de liberté, nous sommes très inquiets de la situation politique en France au lendemain du premier tour des élections présidentielles. Avec un résultat proche de 22%, en hausse par rapport à 2012, l’extrême-droite accède au second tour avec sa candidate Marine Le Pen. Cette situation est lourde de périls.
Le Front National n’est pas un parti comme les autres. Contrairement à ce que croient et disent certains, il a déjà été au pouvoir en France, sous d’autres identités.
Son nom déjà est une usurpation. Le véritable «Front National» était une organisation issue de la Résistance, qui rassemblait les Français unis dans la lutte contre l’occupant hitlérien.
Derrière la façade «dédiabolisée» du FN, grouille tout ce que l'extrême droite compte d'ennemis de la République, des libertés, des droits des salariés et des femmes, d’homophobes : les nostalgiques de Pétain, les amis de Franco, des colonels grecs, les négationnistes comme Le Pen père, les nostalgiques des SS français qui ont combattu aux côtés des nazis, les héritiers des gestapistes français qui torturaient et fusillaient les Résistants, les héritiers de l'OAS. Deux des fondateurs du FN avaient un passé de dignitaires nazis (Léon Gaultier qui a combattu sous l’uniforme SS et René Bousquet organisateur de la rafle du Vel’D’Hiv’ en 1942). Marine Le Pen s’affichait encore récemment avec le sinistre Schönhuber ; elle danse avec les néo-nazis autrichiens, réunit toute l'extrême droite européenne.
Le FN fédère tous ceux qui veulent en finir avec l'héritage des Lumières, le FN c’est l’obscurantisme à front de taureau, c’est la perversion de la devise liberté, égalité, fraternité et la négation de toutes les valeurs de solidarité et la négation de nos conquêtes sociales.
Dans les quelques villes qu’il dirige ou a dirigées, le FN a toujours réduit les budgets de l’action sociale, mais aussi de la culture. Il s’est attaqué sans relâche aux droits acquis des personnels municipaux, à la liberté d’expression, à l’information.
Ce sont là des faits indéniables, que les références hypocrites du FN à la patrie, à la laïcité et à la défense des travailleurs cherchent à dissimuler. Son discours social est un leurre, déjà Nazi voulait dire National Socialiste. C’était un mensonge !
Nous dénonçons avec force cette mascarade grossière où le loup se déguise en agneau.
Aujourd’hui, la grande affaire du FN est de diviser en opposant systématiquement les uns aux autres; français contre immigrés, salariés contre chômeurs, fonctionnaires contre salariés du privé… Le projet du FN, c’est une France morcelée, chauvine et agressive.
Nous ne voulons pas de cette société-là.
Quelles que puissent être nos inquiétudes et nos divergences avec le candidat Emmanuel Macron, nous appelons dans notre diversité ceux qui partagent nos valeurs à utiliser le seul bulletin de vote à leur disposition pour faire barrage au fascisme, sans se laisser abuser par le camouflage qu’il se donne.
« Ceux qui veulent ignorer le passé sont condamnés à le revivre ». Nous ne serons pas de ceux-là.
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Initiateurs : Jean Michel Bony mathématicien académie des sciences, Bruno Chaudret chimiste académie des sciences, Jean Michel Galano Philosophe, Jean Pierre Kahane mathématicien académie des sciences, Ivan Lavallée informaticien, Evariste Sanchez-Palencia mathématicien académie des sciences;
Signataires :
Académie des Sciences :
Sebastien Balibar Physicien, Yves Brechet Physicien, Edouard Brezin Physicien, Gérard Huet INRIA, Denis Jérôme Physicien Christophe Soulé Mathématicien, Claire Voisin Mathématicienne;
Jean Noël Aqua Physicien lauréat de l’Académie des Sciences, André Bellaïche Editeur, Amar Bellal professeur de Génie civil, Catherine Besnie-Boissard Géographe, Frédéric Boccara Conseil économique social et environnemental, Marie Françoise Courel Géographe, François Kaldor Avocat, Pascal Lederer Physicien, Michèle Leflon Praticien Hospitalier, Gérard Loustalet-Sens Psychologue, Yvette Lucas Sociologue, Stéphane Natkin Directeur de l’Enjmin (CNAM), Catherine Roucairol Informaticienne, Vincent Taconnet professeur de Lettres modernes.